Aminata Cissé et Oumar Diakité forment un couple soudé que la fistule n’a pas pu casser. Le cas de Aminata est particulier, puisque son mari est resté à ses côtés, l’a soutenu, aidé pendant et après son opération pour qu’elle recouvre la santé, la dignité.
Mariés en 2019, à l’âge de 31 ans, Aminata vit heureuse avec son mari. Durant sa grossesse, Aminata a effectué, toutes ses consultations prénatales à Bouaké ou le couple réside. En fin de grossesse, une tension artérielle est détectée et prise en charge.
L’accouchement se passe bien. Trois à quatre heures après la délivrance, la sonde qui était placée pour maintenir Aminata allongée du fait de sa tension artérielle est retirée et Aminata constate avec effroi que ses urines coulent de façon continue. « J’étais anéantie. J’étais frustrée et me demandais pour quoi cela m’est arrivé. » déclare Aminata.
Le premier choc passé, Amy essaie de s’adapter et d’organiser sa vie. « Je devais faire face aux désagréments de la fistule, je ne pouvais plus prier et j’avais honte. Je fais partie d’une grande famille avec quelques 23 frères et sœurs et je ne pouvais plus les fréquenter. Je sortais très peu et quand je devais le faire, je me protégeais bien avec les couches. Je restais à la maison et je passais mon temps à pleurer. Heureusement que mon mari était à mes côtés pour me réconforter, me soutenir. »
Le couple décide alors de ne pas ébruiter la maladie de Aminata. Le fait d’être une nouvelle accouchée avec un bébé justifiait du reste le fait que Aminata soit cloitrée chez elle. À l’évidence, Oumar Diakité est un mari particulier, tellement son comportement tranche d’avec ceux de certains maris qui, dès que leur femme souffre de la fistule préfèrent les abandonner ou les chasser du domicile conjugal.
« J’ai pensé que ma femme allait vivre, avec la fistule, le reste de sa vie. Je ne savais pas ce qu’est la fistule et je n’en avais jamais entendu parler. Quand, à l’hôpital, on nous a expliqué ce qu’était la fistule, cela n’a rien changé à nos relations. Même s’il n’y a pas de perspective de guérison, cela n’aurait rien changé. Je suis resté avec elle parce que je l’aime. Elle est une partie de moi et je ne peux pas abandonner une partie de moi. Je la consolais quand elle pleurait. A l’hôpital, j’étais le seul mari qui a accompagné son épouse. Je n’ai pas voulu informer ma famille de la maladie de Aminata pour la préserver. »
Oumar Diakité s’est impliqué dans la recherche d’une guérison qui fort heureusement interviendra grâce à une opération pratiquée par une caravane opératoire qui a séjourné dans la ville de Bouaké, deux mois après le diagnostic de la fistule de Aminata. C’est seulement une semaine avant l’opération que Aminata s’est décidée à informer sa mère. Opérée en 2022, Aminata a pu être réparée et retrouver la joie de vivre, de sortir, de se mêler aux gens.
Pour Aminata, la fistule l’a rapproché de son mari et lui a permis de mesurer à quel point ce dernier l’aimait. Mari modèle, Oumar Diakité a aussi décidé de doubler le capital de 100000F remis à Aminata pour son commerce de pagnes pour lui permettre de se diversifier et de disposer d’un local pour la vente de divers produits. Mieux, il a encouragé son épouse à intégrer un groupe de femmes guéries de la fistule qui se retrouve une fois par mois et collecte une cotisation de 1000F pour venir en aide aux femmes démunies souffrant de la fistule. Le groupe intervient dans la sensibilisation de masse pour la prévention de la fistule.
En Côte d’Ivoire, la prise en charge de la fistule obstétricale est réalisé dans le cadre d’un projet tripartite entre le ministère de la Santé, de l’Hygiène Publique et de la Couverture Maladie Universelle, l’UNFPA et l’Agence Coréenne de Coopération Internationale (KOICA). Depuis 2012, la KOICA a investi plus de 16 millions de dollars USD dans la prévention, la prise en charge et la réinsertion des femmes guéries de fistule obstétricale en Côte d’Ivoire