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La mortalité maternelle est un problème majeur de santé publique dans les pays en développement. En Afrique au sud du Sahara, le risque pour une femme de mourir au cours de sa vie et suite à une grossesse est 150 fois plus élevé que celui d’une femme des pays industrialisés /Rapport OMS - 2004.

Au regard de ce triste tableau, l’Union Africaine (UA)  a invité l’ensemble des pays africains, ayant ratifié les conclusions des travaux de la 4ème session de la conférence des Ministres africains de la santé en mai 2009 à Addis-Abeba en Ethiopie, a organiser une Campagne pour Accélérer la Réduction de la Mortalité Maternelle en Afrique (CARMMA).

Conformément à cette recommandation,  une session de haut niveau sur la CARMMA  avec les chefs d’Etat sera organisée en collaboration avec  l’UNFPA  le 27 janvier 2013 en marge du prochain sommet de l’Union Africaine à Addis-Abeba.  En prélude audit sommet, le Directeur Exécutif du Fonds des Nations Unies (UNFPA) a délivré le message ci-joint que nous avons le plaisir de partager avec vous. Nous vous prions d’en faire un bon usage.

 

Aucune femme ne doit mourir en donnant la vie

Les pays africains soutiennent la campagne menée pour sauver la vie des mères à travers tout le continent.

L'Afrique compte à son actif de nombreux résultats qui renforce sa confiance et dont elle peut être fière. Les progrès accomplis sur bien des fronts sont spectaculaires et un nouveau sentiment d'optimisme règne partout sur le continent. La croissance économique est solide et se traduit par l'augmentation des revenus et l'amélioration des niveaux de vie. L'investissement étranger afflue de toutes parts, encouragé par l'énergie et le talent des Africains. La demande des consommateurs s'accroit et la gouvernance s'améliore. 
Mais, pour que le continent tire le plus grand parti possible de son riche potentiel, il faut encore relever bien de défis. Et aucun n'est aussi redoutable que d'améliorer le bilan de l'Afrique en matière de santé maternelle.
Sur ce point aussi de remarquables succès ont été enregistrés. La Guinée équatoriale, par exemple, a déjà dépassé la cible d'une réduction de 75 % des décès maternels énoncée dans les Objectifs du Millénaire pour le Développement. L'Erythrée est elle aussi en voie d'atteindre cette cible. L'Ethiopie et le Rwanda figurent au nombre d'autres pays où la réduction a déjà dépassé les 60 %.
Mais en dépit d'exceptionnels résultats et succès dans bien d'autres pays, la situation ne s'est pas améliorée en Afrique au même rythme que dans les autres continents. En fait, une récente étude publiée par The Lancet, revue médicale de grande renommée, a montré qu'en 2008, huit des dix pays enregistrant les taux de mortalité maternelle les plus élevés se trouvent en Afrique. Les pays qui ont été frappés avec une sévérité particulière par l'épidémie du VIH/sida ont vu les chiffres augmenter, plutôt que de baisser, ces dernières années. 
Le résultat est que, si l'Afrique compte seulement 14 % de la population mondiale, elle regroupe nettement plus de la moitié des décès maternels dans le monde - décès évitables dans leur immense majorité. Car ce ne sont pas des maladies incurables, mais c'est le manque d'accès à la planification familiale, de soins élémentaires et d'une assistance qualifiée lors de l'accouchement, d'examens médicaux et de conseils durant la grossesse qui sont les principales causes de cette perte de vies humaines. L'impact de ces milliers de drames individuels va bien au-delà de la famille touchée. Ces pertes représentent un coup de frein brutal pour le développement économique et social au sens le plus large.
L'effort volontaire en cours pour en finir avec cette hécatombe inutile est une preuve de la détermination nouvelle qui anime toute l'Afrique d'écarter les obstacles au progrès. La Campagne pour l'accélération de la réduction de la mortalité maternelle en Afrique - CARMMA - a été lancée il y a trois ans par l'Union Africaine, avec le soutien de l'UNFPA, Fonds des Nations Unies pour la population, que j'ai le privilège de diriger.

Depuis que le Mozambique a été le premier pays à lancer sa campagne nationale en 2009, 36 pays africains ont adhéré à l'initiative. L'objectif est, à travers la CARMMA, de galvaniser l'action politique et de forger de nouveaux partenariats à travers des sociétés entières afin d'identifier les raisons des décès maternels et de mettre en place les politiques et ressources nécessaires pour s'y attaquer. 
La campagne a bénéficié d'un prodigieux appui aux plus hauts niveaux. En Zambie, par exemple, l'initiative a été lancée par le Président en personne. De nombreux pays ont mis en route la CARMMA non seulement au niveau national, mais aussi au niveau des districts, régions et autres entités décentralisées de l'Etat.

Le grand nombre de naissances non assistées - en partie faute de praticien(ne)s qualifié(e)s - aide à expliquer les taux élevés de mortalité maternelle. Pour tenter de combler ce déficit, le Cameroun ouvre actuellement huit écoles de sages-femmes. Dans un pays où le dernier diplôme de sage-femme a été délivré en 1987, une seconde vague de plus de 200 étudiantes est en train d'achever sa formation. 
Nous assistons à des succès analogues sur tout le continent, avec le renforcement des systèmes de santé, un financement accru et de nouveaux partenariats entre les secteurs public et privé et le bénévolat. La Sierra Leone a introduit la gratuité des services médicaux pour les femmes enceintes et leurs bébés. 
Cependant, malgré certains résultats remarquables, plus de 450 femmes et filles continuent de mourir chaque jour en Afrique de complications de la grossesse ou de l'accouchement. 
C'est pourquoi le sommet de la CARMMA, qui a lieu cette semaine à Addis-Abeba sous les auspices de l'Union africaine et de l'UNFPA, revêt une telle importance. Il représente une chance pour les pays de s'engager de nouveau à mettre en œuvre la campagne, ainsi qu'à partager des idées et des bonnes pratiques. 
Les décisions prises en Ethiopie cette semaine aideront à stimuler une transformation positive de l'Afrique. Si l'on veut que le continent poursuive le remarquable progrès économique et social réalisé durant la dernière décennie, la réduction de la mortalité infantile et maternelle doit être une absolue priorité. Il est à notre portée de faire en sorte qu'aucune femme ne meurt en donnant la vie. Tenir cet engagement est aussi entre nos mains. 
Par le Dr.Babatunde Osotimehin, Secrétaire général adjoint de l'ONU et Directeur exécutif de l'UNFPA, Fonds des Nations Unies pour la population